Il y a 8 ans, je passais ( & obtenais ) mon bac : un bac L, mention bien et mention européenne. Je pensais très naïvement que le reste de ma scolarité allait se passer comme elle avait débuté : que j'allais passer année après année et qu'en bref, tout allait bien se passer.
J'étais une bonne élève, il n'y avait donc AUCUNE raison pour que tout ne se passe pas comme prévu.
Sauf que ... tout ne s'est pas passé comme prévu. Et je tiens à dire à toutes les étudiants, tous les lycéens qui peuvent passer par ici, que ce n'est PAS grave. Au contraire, maintenant que c'est fini, je respire en réalisant que mon parcours est une force.
Contrairement à ce que vos parents ou certains de vos profs peuvent vous faire croire, ce n'est pas grave de ne pas vraiment savoir ce qu'on veut faire de sa vie à 17 ans.
Depuis que je suis petite , je veux faire médecine : médecin urgentiste, pédiatre ou chirurgienne. Sauf que la science et la physique n'étaient pas vraiment mes matières de prédilection en seconde. Je suis donc passée en filière littéraire où je me suis vraiment épanouie. Mais qui dit filière littéraire dit quasi impossibilité de repartir en médecine. Alors je me suis raisonnée. Et en terminale, j'ai réfléchi à ce que je pouvais faire.
Je n'avais jamais été très portée sur un projet professionnelle mais après un stage avec une orthophoniste, je me suis dit que ça pourrait être un métier intéressant en lien avec mon goût pour les matières littéraires et la médecine. Du coup, je suis partie pour une année de préparation aux concours d'orthophoniste. J'ai cherché - en secret - une bonne prépa ... à Paris, non loin de là où allait habiter mon copain de l'époque surtout. (
Même si au final on a rompu l'été avant la prépa. C'est tout moi ça .). Alors je suis allée en prépa, une année compliquée que j'ai passé à déprimer et manger , plus qu'étudier. Heureusement que j'ai rencontré des personnes formidables que j'ai toujours en amies aujourd'hui ! En ce qui concerne les concours, c'était assez prévisible mais je n'ai été admissible à aucun des concours à la fin de cette année plutôt chaotique.
En juin, de retour chez mes parents, j'ai décidé de ne pas refaire d'année de préparation aux concours. Complètement perdue dans mes perspectives d'études, j'ai vraiment passé des périodes compliquées à la fin de cette année. J'ai pensé à la psychologie, en grande partie parce qu'une amie rencontrée en ortho y partait aussi, et parce que je considérais que la psychologie pouvait être une manière de répondre à mon envie de faire un métier où je pouvais aider les autres.
Me voici en septembre 2009, à Lyon, en première année de psychologie. Ces années d'étude ont vraiment été riches : j'ai appris, j'ai grandi et j'ai rencontré des personnes toujours chères à mes yeux. Il y a eu des années plus faciles que d'autres, j'ai parfois passé au rattrapage, parfois haut la main. Et je me suis retrouvée tout naturellement à postuler pour le M1 de psychologie clinique de l'enfant et de l'adolescent que proposait ma fac dans le but de devenir psychologue clinicienne. J'ai été prise.
Cette année, je l'ai très mal vécue. Je me suis réfugiée dans le sport et dans un énième régime pour oublier comme c'était dur. Entre la pression mise par les profs ( & par celle que je me mettais ) et mon stage dans lequel je me sentais clairement rabaissée, j'étais vraiment au plus mal. Je ne retrouvais plus la bienveillance caractérisant à mon sens ce métier de psy. J'étais perdue même si à aucun moment je ne remettais vraiment en cause mon projet de devenir psychologue clinicienne.
J'ai fait mon dossier de candidature au Master 2. Et là, le drame : je n'ai pas été prise. Un vrai choc. Mes résultats étaient très satisfaisants et je pensais à aucun moment n'avoir fait part à mes profs de mes difficultés. Quand j'ai demandé les raisons, ma prof n'a pas été en mesure de vraiment me donner de véritables raisons ... Si ce n'est qu'il fallait pour elle que j'effectue un travail personnel - c'est à dire travail psy- avant de penser à rejoindre un Master 2.
Un été passé à pleurer, à me dire que je faisais du surplace, à envier toutes celles qui allaient enfin pouvoir avancer, faire des projets de vie, de famille.
Et puis est arrivé la fin de l'été 2013 avec ce projet : j'allais profiter de cette année de creux pour commencer un bts diététique pour joindre deux problématiques que je connaissais tant et qui allaient ensemble : l'alimentation, les troubles alimentaires et toute la dynamique psychologique. Évidemment, je projetais avant tout mes propres difficultés, mes propres problématiques pour aider des personnes dans mon cas, même si je reste persuadée qu'un tel projet aurait pu voir le jour et que ça aurait été quelque chose d'intéressant à travailler en lien.
Je n'ai finalement pas été au bout de ce projet. J'ai profité de mon année pour finalement faire ce travail sur moi-même, pour mettre des choses au clair au niveau personnel. J'ai également fait un long voyage avec mon copain aux Etats Unis pendant 2 mois. Bref : j'ai fait d'autres choses. J'ai vu d'autres choses, j'ai rencontré d'autres personnes. Et ça m'a fait du bien !
En juillet 2014, il a fallu que je me décide à faire quelque chose pour l'année scolaire qui allait débuter. Repartir en psychologie n'était plus une option. Partir en photographie ? Recommencer des études d'éducatrice de jeunes enfants ? J'étais finalement toujours aussi perdue. Jusqu'à ce que je me renseigne sur un métier jusque là jamais envisagé : professeur des écoles. Ma mère est prof, j'avais donné des cours d'anglais durant mon année de creux et j'ai toujours trouvé ça cool, mais absolument jamais je n'ai pensé en faire mon métier. Pourtant j'ai décidé d'envoyer un dossier de candidature pour un M1 Meef ( métiers de l'éducation ) . Comme ça. Pour voir. Peut-être que ça marcherait. Ou pas. Je n'avais rien à perdre.
J'ai été prise et j'ai entamé cette année de master 1 MEEF avec comme objectif de préparer le concours de professeur des écoles à la fin de l'année. J'ai eu l'opportunité de faire un stage cette année. En petite section. Et ça a été une vraie révélation. J'ai découvert comme ce métier me correspondait. Alors non, ce n'est pas une vocation, c'est venue bien plus tard. Mais j'étais heureuse de me lever le matin pour aller en stage. Et c'était tout ce que je demandais.
Cette année était stressante, angoissante, et n'a malheureusement pas donné lieu à la fin de l'année au fameux Graal qu'est l'obtention du concours.
Mais cette année, je n'ai pas abandonné. J'ai été jusqu'au bout. J'ai tenté de combiner tout de front : le master et le concours. A nouveau en stage, mais cette fois en CM2, j'ai eu l'opportunité d'avoir la classe en autonomie quand la PE titulaire était absente. J'ai pu vraiment voir ce qu'était que le métier. Et j'étais toujours heureuse de me lever le matin.
Cette année, j'ai eu le concours. Enfin. J'ai hurlé de bonheur quand j'ai vu mon nom sur la liste. Et ma mère et ma grand-mère en ont pleuré. De joie bien sûr.
J'ai 25 ans. Et l'année prochaine, je serai maitresse. Je n'ai pas eu un parcours simple lors de mes études. J'ai souvent envié mes amies qui traçaient leur route quand moi je cherchais encore mon chemin. Mais, ce n'est PAS GRAVE de se tromper une fois, deux fois, trois fois. Ce ne sont pas des années "perdues pour rien" comme ce que je pensais avant. Au contraire, maintenant, je vois tout ce que ces années ont pu m'apporter. Chacune d'entre elles. Je me suis fait des amies pour la vie, j'ai appris des choses sur moi, sur les autres. Je sais que chacune de ces années me serviront dans ma vie personnelle et professionnelle.
Alors, si vous pensez que votre vie est fichue parce que vous avez loupé un concours, redoublé une année, n'avez pas été accepté dans le master de votre choix ... Soyez certains que vous rebondirez, et que parfois c'est pour le mieux. Ayez confiance en vous, en vos capacités, en vos forces. Et profitez de ces années de flou pour partir, pour voir du pays, pour faire des choses différentes. Ne restez pas murés dans vos incertitudes.Vous méritez d'être bien dans vos études, vous méritez de faire le métier qui vous correspond vraiment. C'est dur de trouver sa voie, mais ne vous arrêtez pas tant que vous ne l'avez pas trouvé. C'est trop important.