Hier, Dukan a publié sur le « Huffington post » un billet consacré à
cette mode, ce concept du « non régime », effet de mode grave et
dangereux selon ses propres termes …
J’ai lu
l’article à plusieurs reprises afin d’en saisir la teneur du message, et cette
fois c’est bien moi qui m’en suis indignée.
Dukan VS
Zermati ici.
Zermati je
ne suis pas bien au courant de ce qu’il propose, si ce n’est que ça a bien fait
perdre du poids un bon nombre de personnes ( comme Dukan d’ailleurs on pourra
me dire). Mais à la différence de Dukan, Zermati prône l’écoute de soi, de ses
sensations plutôt que la restriction, et la diabolisation d’un certain nombre
d’aliments.
Dukan je ne
l’ai jamais fait. En revanche – Merci Maman-, j’ai tous ses livres à la maison.
Je les ai lu bien sûr puisque, grande complexée, j’ai été tenté de faire
absolument tous les régimes qui existent pour maigrir. Mais je me suis arrêtée
avant même de le faire. Pourquoi ? Et bien parce qu’à l’inverse de
Zermati, ici justement l’écoute de ses sensations ? De sa faim ? ça
n’existe pas. On peut manger en quantité illimité un certain nombre d’aliments
tandis que d’autres aliments ( jusqu’aux fruits dans la phase 1 il me semble)
sont proscrits, interdits, diabolisés même …
Dukan se
moque, rit de ce concept qu’il dit venir des Etats Unis et qu’on nomme
« la restriction cognitive ». La restriction cognitive, c’est ma
diététicienne qui m’en avait parlée pour la première fois. Cette femme était
une merveilleuse professionnelle. Qui m’a justement appris à ne pas diaboliser,
à ne pas avoir peur de la nourriture. Bref je m’égare. Cette restriction
cognitive, c’était justement, pour ma diététicienne, ce qu’il fallait éviter le
plus possible dans un processus de perte de poids. Et en particulier pour une
personne ayant souffert de TCAS ( troubles du comportement alimentaire et pour
ma part : anorexie, boulimie vomitive et hyperphagie) . Pour elle, il
fallait justement que mon cerveau mais aussi que mon corps réapprenne à manger
pour vivre et non pas vivre pour manger avec cette peur permanente de grossir.
Pour elle, aucun aliment ne devait être diabolisé et la frustration ne devait
pas être de mise dans ce processus de perte de poids.
Dukan se
moque ainsi du conseil donné par Zermati qui est de manger selon sa sensation
et d’appliquer cette méthode simple qui est de « manger quand on a faim et
d’arrêter quand on n’a plus faim », comme si il était ridicule de demander
à une personne obèse d’appliquer cet adage alors que le problème est bien plus
profond, que le malaise est bien là. Mais OUI le malaise est bien là. Et cette
théorie de manger selon sa faim et selon ses propres ressentis n’est pas une
phrase marquée sur une feuille qu’on imprime et qu’on donne au patient pour
qu’il l’applique comme tout régime. Non c’est un apprentissage long, qui
nécessite de se reconnecter avec son corps. Et je suis convaincue que c’est
loin d’être ridicule. Il n’y a qu’à me voir à côté de mon copain. Je sais les
valeurs caloriques de plus d’une centaine d’aliments, je sais ce qu’il faut
manger et ce qu’il ne faut pas manger. Je mets instinctivement les aliments
dans des cases et je culpabilise chaque fois que je mange. J’ai 10 kilos en
trop. Mon copain ne sait pas ce que c’est qu’une calorie, il n’a jamais compté
et ne comptera jamais les calories de ce qu’il mange. Pas une journée sans
qu’il ne mange du chocolat. Il s’arrête quand il n’a plus faim. Et c’est
tout. Et il pèse 60kilos.
A écouter
Dukan, l’équilibre nutritionnel n’a aucune espèce d’importance pour Zermati. Je
n’ai pas lu ses bouquins, je ne sais pas si c’est le cas. Et à mon sens,
l’équilibre nutritionnel a de l’importance. Quand même. Mais appliquer les
règles d’un bon équilibre nutritionnel ne doit pas s’opposer à l’écoute de ses
sensations, à l’écoute de son corps. Au contraire, lorsque je me sens bien et
que les TCAs me laissent tranquille, j’ai pris l’habitude d’écouter mon corps.
Et j’ai constaté que les légumes et les fruits, j’en avais bien besoin, j’en
avais même envie. Envie de tomates, de salade verte, d’haricots verts, de
salades de fruits ( jolis jolis … ) et NON je ne suis pas enceinte mais juste
l’envie de donner du bon à mon corps. Mais ça c’est, si et seulement si
j’arrive à écouter mon corps et ce dont il a besoin, si j’arrive à me défaire
de mes sales démons.
Au
contraire, ce régime dont vante Dukan ne va pas nous réconcilier avec notre
corps, avec nos besoins vitaux et avec nos sensations de satiété. Je ne dis pas
que ce régime ne marche pas, il marche. Comme tous les régimes. Sauf que,
définitivement, on apprend de plus en plus que les régimes ne marchent pas … à
long terme. Et à part si on veut maigrir pour notre mariage, il est préférable
de perdre du poids sur la durée et de ne pas reprendre les kilos perdus.
Dukan veut
nous faire croire que refuser les régimes, c’est se laisser aller dans notre
société de consommation, se laisser aller dans la gloutonnerie, dans nos envies
gourmandes.
Sauf que
refuser les régimes, c’est aussi - et plutôt- réapprendre à faire du bien à
notre corps. Ce peut être différent d’une personne à une autre bien entendu
puisque contrairement à cette idée de « régime », un plan
nutritionnel de 1200 calories composé uniquement de légumes ou uniquement de
viande ou uniquement de sachés protéinés ne conviendra pas à tout le monde.
Non.
A mon sens,
refuser les régimes, c’est refuser la pression qu’on nous impose. C’est refuser
de perdre du poids comme on nous l’a demandé. C’est manger sans compter les
calories. C’est manger sans intellectualiser. C’est refuser de retomber dans
les troubles du comportement alimentaire pour ma part.
Refuser les
régimes, c’est avoir du courage, c’est être fort aussi. Parce
qu’aujourd’hui on pourrait penser qu’il
est nettement plus facile de céder à la tentation des régimes que de
réapprendre à connaitre son corps, ses envies et ses besoins.
Refuser les
régimes, je ne l’ai pas toujours fait. Je ne le fais pas toujours. Mais cette
année je suis déterminée à m’y atteler. Quoiqu’en dise ma grand-mère, quoi
qu’en fasse ma mère. Je suis déterminée à ne pas retomber encore et toujours
dans les travers des régimes ...
Mon premier
régime, je l’ai fait quand j’avais moins de 10 ans parce qu’une tante pédiatre
avait prévenu ma mère que les cellules graisseuses se formaient à mon âge et
que j’allais devenir obèse plus tard.
Omelette
sans jaunes d’œufs et jus de tomate le matin. Je me rappelle que j’ai beaucoup
pleuré. Je me rappelle aussi que ça n’avait pas du duré longtemps, ma maman
m’aime quand même et n’a pas bien du supporté me voir si malheureuse de lâcher
mes tartines du matin ( vous imaginez des tartines beurrées le matin à 10
ans : tu m’étonnes que ma tante m’ai mise au régime ! – bitch-)
Et puis je
me rappelle en avoir fait quelques-uns jusqu’à mon adolescente. Jusqu’à ce que
je réalise que vomir et arrêter de manger, c’était sans doute bien plus facile
et que c’était sans doute finalement ce qu’on devait attendre de moi :
être mince. Etre mince, être maigre comme le but de ma vie, je l’ai eu
tellement longtemps. Je me suis tellement rendue mal, malade.
Et puis me
voilà aujourd’hui. J’ai bien 10 kilos en trop. Pourquoi ? Pour qui ?
Pour ma mamie. Pour certaines de mes « copines ». Mais mon médecin me
lâche et mon copain me trouve parfaite. Mais j’ai bien 10 kilos en trop. J’en
ai eu plus, j’en ai eu moins. Mais je tente de m’écouter, je bouge, je saute,
je danse, je prends plaisir à m’faire des salades de fruit à 23h sans penser
qu’il ne faudrait pas manger de fruits après 18h.
J’ai la
conviction qu’il ne faudrait plus que je fasse de régime. Ça n’engage que moi.
Je ne prône pas l’obésité ou le surpoids comme un mode de vie non plus.
Vraiment pas. Même si je sais qu’on peut être obèse et en bonne santé, obèse et
heureux, je sais aussi que de mon côté,je suis en meilleure santé maintenant
qu’avec 15 kilos de plus. Mais pour autant, la santé ici est au centre des
questions, des préoccupations sur les régimes. Santé physique, santé mentale …
Et là, c’est bien le régime qui peut parfois être grave et dangereux. Pas le « non
régime » …