Notes pour trop tard.

22 juin 2018

Ceux qui me suivent sur les réseaux sociaux et qui me connaissent dans la vraie vie savent que je suis archi fan du rappeur Orelsan depuis déjà plusieurs années.
Il y a moins d'un an, il a sorti un album que je connais quasi par coeur et qui me parle beaucoup : La fête est finie.
Dans cet album il a sorti "Notes pour trop tard", un morceau de plus de 7 minutes dans laquelle il s'adresse à l'adolescent qu'il était. C'est un de mes morceaux préférés qui me parle énormément.

Dans mon métier, je suis toujours en contact avec des enfants presque adolescents. Et même si ce sont encore des enfants, ils me renvoient très souvent à qui j'étais, à qui je suis devenue, à ce qu'ils pourraient devenir, à ce qu'ils ont dans la tête, à leurs rêves, leurs envies ...
Alors aujourd'hui, j'avais envie d'écrire sur tout ça. Sur ce que j'avais envie d'écrire à l'adolescente que j'étais.


Moi à 17 ans


"J'avais ton âge y'a à peu près ton âge, le passage à l'âge adulte est glissant dans les virages. "
Tu vivras avec ton corps toute ta vie, arrête de le détester. Tu comprendras pourquoi plus tard, quand tu seras prête. Je sais que maintenant tu en as horreur, mais ce n'est pas de sa faute si tu vas si mal, si tu as le sentiment d'être à vif en permanence. Tu tombes amoureuse de tout le monde tout le temps. Tu donnes tout et puis le reste on verra. Alors fais attention. Préserve toi. Ne te perds pas en chemin.
La vie n'est pas aussi rude que tu le penses mais les gens ne t'aimeront pas plus si tu vas mal. Autorise-toi à aller bien. Aussi. Et puis ... mets de la crème cicatrisante sur tes bras sinon tu auras la marque toute ta vie. Te faire vomir n'est pas la solution : tu verras, être grosse n'est pas la pire chose qui puisse t'arriver. Tu n'as qu'une santé . C'est sûrement un conseil de vieille, et puis tu ne le vois pas tout de suite parce que tu crois que c'est ce qui te rend un peu jolie. Ce qui te rend belle ne réside pas dans ta capacité à rentrer dans du 34, ce qui te rend belle, c'est ton sourire, tes yeux, ton rire tonitruant, la manière que tu as de te soucier des gens. Ne fais pas de la nourriture une obsession, même si tu es conditionnée à ça par l'enfance et les épreuves. Ne t'endors pas la faim au ventre avec fierté, ne mange pas le paquet entier de chips en culpabilisant aussitôt. Arrête de chercher des stratégies pour éliminer les calories. Et si c'est le cas, appelle à l'aide. Les bonnes personnes. Tes petits copains n'ont pas fait psycho. Tes amies n'ont pas fait médecine. Va voir ton père, ta grand-mère, ta tante, ta psy.
Continue de rire en classe, même si la prof te met à la porte le temps de te calmer. Ta meilleure amie de l'époque sera j'en suis sûre demoiselle d'honneur à ton mariage. Elle avec qui tu as tant ri, avec qui tu ries encore.
Des amitiés sincères, tu n'en auras pas tant. Des déceptions amicales ponctueront toute ta vie. De la primaire à l'université, tu donnes trop, trop de toi-même, tu t'épuises et puis, trop fatiguée, tu ne donnes plus rien. Les autres ne sont pas que coupables. Mais ne pleure pas celles qui ne savent pas pardonner. Et avance. Les gens t'aiment.
Les gens t'aiment alors arrête de vouloir mourir. Il n'y a pas de plan B. Arrête de te détruire. Pour un soir de douleur passagère et trop intense, tu mettras des mois à retrouver la confiance de ceux qui t'aiment et qui ont eu tant de peine à l'idée de pouvoir te perdre  tes parents et tes frères en première ligne. La solution ne se trouve pas dans les médicaments ou dans la fenêtre ouverte. Elle se trouve dans les réponses aux questions que tu te poses. Tu. N'as. Rien. Fait. De. Mal. Tu n'es pas coupable. Ton corps n'est pas sale. La honte changera de camp. Un peu de patience.
T'auras toujours cette sensibilité à fleur de peau, comme si ton coeur était à vif. Tu pleureras toujours devant le JT, les mauvaises nouvelles, les injustices de la vie qui te concernent toi ou qui concernent les autres. Mais ne rends pas les choses plus difficiles à vivre. Ne te complais pas là-dedans. Il n'y a rien d'attirant dans le malheur, rien de glamour dans la dépression, rien d'excitant dans la mort. Bats-toi contre ça. Aime-toi assez pour ça.
Arrête les expériences capillaires. Les atebas vont t'abimer les cheveux. Le noir ne te va pas.
Profite de porter toutes les fringues que tu veux. Un jour tu ne rentreras plus dans les fringues des magasins normaux. ça sera pas si grave, mais ça t’énervera beaucoup.
Tu seras heureuse un jour. C'est sûr.

Moi à 16 ans

1 commentaire

  1. C'est très joli, bien écrit... je me reconnais complètement dedans, c'est vrai que c'est pas une période facile et j'étais aussi en guerre avec mon corps et la nourriture... alors malheureusement ça me parle particulièrement !
    C'est pas évident quand on a cette âge-là de prendre du recul...

    Des bisous !

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Merci pour vos p'tits mots. <3

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