L'anorexie-boulimie ... de l'autre côté du bureau.

16 février 2012



Hier j'avais stage.

Si vous suivez un peu ce blog, vous savez peut-être que je suis en 3ème année de psycho. Et qui dit 3ème année dit, dans ma Fac en tout cas, "stage obligatoire".  J'ai la chance de faire ce stage en milieu hospitalier avec un psychiatre ...
Hier c'était la 3ème demi journée et mon "baptême du feu" comme m'a lancé mon maître de stage. Une femme entre. Le psychiatre m'avait alors fait le tableau très succinct de cette patiente "20 ans de carrière dans l'anorexie". Elle entre donc. Le cheveu fragile. Aucun fard sur sa peau. Un lourd manteau sur elle. Très vite elle parle de sa prescription à renouveler. Le psychiatre parle peu, lui écrit une longue liste de médicaments puis me dit dans un murmure " Baptême du feu, j'vous laisse avec elle"  Je ne sais quoi répondre. La femme se tourne rapidement vers moi. Et se met à parler. Et parler encore. Elle vomit ses malheurs. Et je l'écoute. L'approuvant par moment. La questionnant par d'autres.  Et une chose m'a alors posée question, c'est cette phrase "On ne guérit jamais de la bouffe. Jamais. Quand on a été anorexique ou boulimique on ne guérit jamais. Jveux même pas guérir, je veux juste ralentir un peu cette cadence infernale des crises ... "  Et transfert oblige, je me suis remise quelques années en arrière. Elle me parle de ses problèmes financiers liés à sa maladie ... Et je me revois alors dépensant tout mon argent de poche ou piquant dans la caisse familiale pour assouvir mon envie de manger, de dévorer avant d'aller rejeter le tout dans la cuvette des toilettes.
 Et pourtant. Pourtant même si la maladie reste un petit peu en nous, je sais qu'on peut guérir, avancer et revivre à nouveau... Je suis grosse. Je me sens grosse. Et ça me fait mal parfois. Mais voila ... Une vie à vomir, à manger, sans aucune perspective d'avenir, c'est tout simplement une vie et des rêves brisés. Et moi je me sens vivante. Profondément vivante. Et j'avais envie de continuer à parler à cette dame. Je n'avais pas envie de la laisser partir avec cette liste de médicaments à gober quotidiennement. J'avais envie de lui prouver que la vie, sans être un long fleuve tranquille, pouvait être par moments merveilleuse. Et qu'il fallait justement y croire pour le voir...  Moi c'est l'amour. Et le sport plus récemment qui m'a sauvé .  Je ne dis pas que guérir de troubles du comportement alimentaire signifie forcément devenir ronde. Je ne dis pas non plus qu'on est toujours mieux, ni que c'est toujours facile. Je dis juste qu'il faut vouloir s'en sortir parce que c'est une fois sortie de là qu'on se rend compte des bienfaits de la guérison...  Cette femme là a 20 ans d'anorexie et de boulimie derrière elle. & un poids déjà atteint de 30kg. Et je comprends et conçois son désarroi, son désespoir et surtout son manque d'espoir pour le futur. Mais mon cœur s'est brisé quand le psychiatre m'a confié ensuite qu'elle ne devait plus en avoir pour longtemps.
Personne ne devrait mourir de ça. Ni elle ni moi ni personne.  La vie est trop précieuse

11 commentaires

  1. Personne ne devrait jamais en souffrir, c'est un morceau de toi qui est parti malgré la 'pseudo guérison'. Pseudo car ça poursuit à vie, à chaque fois que tu rencontres une personne en souffrant, à chaque fois que tu manges ce qui te passe sous la main pour les mauvaises raisons, à chaque fois que tu sautes un repas, tu y penses de peur de recroiser un jour le chemin de cette maladie

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  2. Je sais pas ma B. Tu crois qu'on peut guérir ? Vraiment ? Moi je suis fatiguée de tout ça. J'en ai marre d'y penser. Je sais pas si j'arriverais un jour à faire comme si ça n'existais plus.

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  3. C'est vrai que c'est injuste. Injuste de mourir à cause de quelque chose qui nous ronge, quelque chose ancré dans le cerneau qui veut pas s'en décoller.
    C'est tellement... touchant. Ouais ton article m'a retournée.
    Heureuse que tu te sente vivante... Car c'est la chose la plus importante, au fond.
    Bisous ♥

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  4. J'ai été très touchée par ton billet. Percutée serait un mot plus juste. Cette année, je viens de "fêter" mes 18 ans d'anorexie (ça a commencé quand j'avais 14 ans), et mes 16 ans d'anorexie vomitive. Pourtant, je ne vais pas mal. J'ai des projets, une famille, un amoureux, et même un petit garçon. En ce moment, j'ai un poids presque normal. Mais je ne mange pas normalement. Et je ne pense pas non plus que l'on puisse vraiment guérir de tout cela. Au mieux, on est sur le fil. On vit pendant des années sur ce fil, un jour on tombe, et à nouveau on essaie de retrouver ce précaire équilibre. C'est comme une addiction. A chaque instant, tout peut s'écrouler.
    Je parcours ce difficile chemin depuis longtemps, maintenant. La dépression et les passages d'anorexie sévère m'ont rattrapée à plusieurs reprises. Je paierais toute ma vie les conséquences de ce "faux pas". Je suis gravement anémiée. Mes os et mes dents ont été profondément décalcifiés. Dans trois semaines, on me posera un appareil dentaire pour remplacer ma dentition détruite par la maladie.
    Oui, cette maladie est injuste, comme toutes les maladies. Mais le plus injuste, c'est justement que les personnes qui en souffrent ne sont pas souvent regardés comme souffrant d'une maladie, mais plutôt comme des manipulateurs, voire des "capricieux". Même parfois par le personnel soignant.Je te souhaite de réussir tes études de psychologie, et de pouvoir ainsi aider des victimes de troubles du comportement alimentaire en connaissance de cause. Parce que les personnes connaissant réellement le problème manquent dans la profession.

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  5. Ton article est vraiment émouvant. Cette rencontre devait être merveilleuse.
    Mais c'est vrai que la vie est si précieuse, qu'il faut savourer chaque instant car ils sont tous uniques. C'est tellement bien de vivre, d'être heureux, pour rien au monde je souhaiterai que ça se finisse. Puis les troubles alimentaires te font tomber bien bas et c'est si dur de retrouver l'espoir de t'en sortir et d'avancer. Une mort lente en fin de compte.

    Des bisous, xxx

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  6. BOULEVERSANT...
    j'ai vécu cela.
    je suis toujours suivie
    j'ai rencontré un Amoureux parfait
    et je fais beaucoup de sport, chaque jour
    une autre et différente drogue
    mais cela m'aide...

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  7. on peut guérir. la route est longue, difficile, avec des ralentissmeents, des chutes et des retour en arrière, mais on continue sur le long terme d'avancer. j'ai cru que je ne m'en debarasserais ajamis, mais si. aujourd'hui ca me parait meme etrange d'avoir vecu tout ca, comme une autre moi. cette maladie, c'etait mon sac de probleme que je faconnais comme mon identité. defaire les noeuds, c'est se defaire de cette maladie, et de soi meme quelque part, et ca a quelque chose d'effrayant au debut, d'avoir tout a decouvrir, en commencant pas soi meme. mais la route vaut le coup. je ne sias pas ou je vais, mais je profite du chemin, meme lorsque j'ai mal, parce que je sais qu'apres a pluie vient le beau temps. il faut juste sourire, et faire confiance. j'ai passé 8ans avec, je fete mes 2 ans sans ce printemps, et non, croiser des peronne souffrant de tca ne me fais pas peur de retomber. j'ai juste envie de les prendre dans mes bras, et de les bercer jsuqu'a ce que les larmes sortent pour un peu de liberation.

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  8. Ma petite soeur a été anorexique pendant quelques années. Aujourd'hui, beau pari sur la vie, elle est chirurgien et prend plaisir à manger de tout.
    Ton article m'a beaucoup touchée.

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  9. Bonsoir,
    Vos témoignages sont extrêmement touchants. J'ai 21 ans et je souffre d'anorexie-boulimie depuis 4 ans. Cela va faire 2 ans que je suis suivie par des spécialistes à la Timone à Marseille. J'ai du mal à faire totalement confiance à l'équipe car depuis que mon anorexie s'est calmée et que ma boulimie a repris le dessus je ne cesse de grossir (je mesure 1m54, je pesais 39 kilos, suis passée par des paliers à 46, 48 kilos, mais là je suis plus à 53-54). J'ai très peur de grossir de nouveau, dans mon adolescence il m'est arrivé de peser jusqu'à 70 kilos... Je vous en prie si vous êtes passé(e)s par là partagez votre expérience avec moi. J'aimerais m'en sortir mais quitter la maladie me fait peur. Je ne sais plus quoi faire, aidez moi je vous en prie.
    Merci

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  10. Bonjour à toutes vous ne devez jamais renoncées à vous soigner vous devez combattre et ne plus vous sentir incomprises, ma soeur aînée était anorexique boulimique sévère on n'en parlait pas on faisait comme ci tout allait bien et puis un jour la maladie prend le contrôle et là il est trop tard, elle avait 45 ans elle se croyait forte devant ce démon et puis un jour elle a renoncé alors, ne renoncez jamais battez vous et si les autres ne comprennent pas alors tournez vous vers les bons spécialistes, parlez en ne gardez rien pour vous.

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Merci pour vos p'tits mots. <3

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